PREMIÈRE PARTIE


LA SÉNÉCHAUSSÉE ROYALE DE HÉDÉ DE 1694 A LA FIN DE L'ANCIEN RÉGIME.


 

CHAPITRE I : SITUATION GÉOGRAPHIQUE DE LA SÉNÉCHAUSSÉE ROYALE DE HÉDÉ

 

I - Hédé, Bourgs et villages, la terre et les hommes :

Ville sans clôture, située au sommet d'une colline au carrefour de la route de Rennes à Saint Malo, et de Rennes à Dol, Hédé dominait les paroisses d'alentour.

Petite ville de 800 habitants en 1776(1), au territoire minuscule, Hédé était le siège de la juridiction royale, 13 paroisses rurales y étaient rattachés(2)
La paroisse de Hédé ( qui releva de celle de Bazouges sous Hédé jusqu'en 1792). Saint Symphorien, Saint Gondran, Langouèt, la Chapelle Chaussée, Langan, Saint Brieuc des Iffs, Montreuil-le-Gast, Gévézé, Guypel,Tinténiac,Vignoc.

Les paroisses rurales situées à quelques lieux de Hédé étaient composées de petits villages, bourgs qui portaient leur nom, pratiquement aussi peuplés que Hédé. Ainsi le bourg de Vignoc possédait en 1696, 915 habitants, 900 en1770. Plus peuplé que Hédé, il n'en possédait pas les fonctions administratives et judiciaires. Les fermes, les métairies jalonnaient la campagne bocagère bretonne, paysage probablement intact au début du XXe siècle. En dehors des chemins royaux (de Rennes à Hédé), les routes étaient peu nombreuses et peu praticables. On y allait à pied, en charette. Les officiers royaux, huissiers, cavaliers de la Maréchaussée, marchands... s'y déplaçaient à cheval pour les besoins de leurs affaires. En hiver, les chemins étaient boueux, impraticables, on s'y rendait à pied.

Les voies n'étaient pas très sûres et l'on pouvait y faire de mauvaises rencontres(4) La population des paroisses se composait essentiellement de ruraux (fermiers, journaliers, laboureurs), d'artisans, de marchands, de représentants du culte.

 

Il - La ville de Hédé, siège de la Sénéchaussée royale au XVIIIe siècle :

Un peu d'histoire :
La ville de Hédé, dépendante spirituellement de l'Evéché de Rennes, s'est formée à l'ombre de son château, situé à l'Ouest de Hédé sur un vaste plateau, cité dès le IXe siècle. L'époque de sa fondation reste ignorée. "Autrefois, avec celui de Dinan, il passa pour une des meilleures places fortes"(5).
Ruiné pendant la guerre avec les Anglais, il fut restauré en l'an 1399 à partir des sommes des fouages levées par le Duc de Bretagne sur les vassaux de l'Abbaye de Saint-Georges de Rennes consenti par Julienne DUGUESLIN, son abesse. En l'an 1597, le château de Hédé était gardé par les troupes du Duc de Mercoeur en guerre avec Henri IV.
Ce dernier le fit détruire en 1599. Il en reste de vastes pans de murailles(6).

"Le château de Hédé, nous écrit M. GRIGNON, est construit de pierres de granit que la tradition du pays porte avoir été extraites de carrières aujourd'hui couvertes par les eaux du grand étang.
Il ne subsiste plus qu'un mur d'enceinte et un pan de mur d'une tour carrée de 50 pieds. Un arrêt du Conseil d'Etat de 1778 ayant concédé à la ville de Hédé, moyennant 100 livres de rente annuelle, ce terrain pour emplacement du champ de foire. Les ruines éparses dans la plateforme intérieure furent démolies aux frais de la communauté de ville en 1785.

Située sur le sommet d'une colline qui domine d'un côté une vallée profonde où coule le canal de l'Ille et Rance accidentées par de nombreux mouvements de terrain, de l'autre on aperçoit un étang qui porte le nom de la ville(7).
Hédé est un lieu d'étapes très fréquenté par les troupes royales et les troupes de la Maréchaussée du fait de sa situation de carrefour à la croisée des routes qui mènent de Rennes à Saint Malo et à Dol de Bretagne(8)

"Ville en rue" caractéristique où les maisons s'ordonnent en se faisant face des deux côtés de "la grande rue" qui borde de droite à gauche la route royale de Bordeaux à Saint Malo. Les jardins "Courtils", aux parcelles de dimensions variées se situent derrière les maisons descendants en gradin à l'Ouest vers le fond de la vallée occupée ça et là d'étang et de moulins (Etang de Fourel, du Chenay, du Perray...).

"La grande rue" aboutissait à la grand-place ou place du parquet qui à l'origine ne comportait que le sud de la place actuelle. C'est là que se tenait le marché à blé, elle renfermait un grand puits public de forme triangulaire. C'est là également que le tambour de Hédé assisté des records venait proclamer à "grand cri public l'assignation à quinzaine franche" ou à huitaine" des délinquants en fuite.

"La partie Nord(9) de la place actuelle était occupée par l'Auditoire (10), les Halles et la prison. La démolition de ces édifices (11) l'agrandit considérablement dans le courant du XVIIIe siècle".

L'Auditoire aspecté vers l'Ouest faisait face aux maisons situées entre la rue de Bertrand et la rue du château, il était précédé d'une murette et d'un perron double et comprenait un rez de chaussée et un étage, sa toiture était surmontée d'un petit clocher carré à
campanule contenant l'horloge. Le rez de chaussée renfermait quatre petites boutiques et du
côté Nord deux locaux dépendants des prisons.

Le premier étage se composait de 2 pièces :

- la salle des plaids généraux,
- la chambre criminelle qui servait aussi d'Hôtel de ville.

Les prisons aspectées au Nord, occupaient le Nord-Ouest de la place actuelle. Au premier étage, une galerie de bois les reliait à la chambre criminelle.

D'autres édifices méritent d'être cités notamment le Prieuré Notre-Dame de Hédé datant de la fin du XIe siècle donné par les ducs de Bretagne à l'Abbaye de Saint Melaine de Rennes qui en fit un Prieuré... n'était au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle qu'une trêve de Bazouges-sous-Hédé ( érigée en paroisse en 1792 seulement ).

Autres lieux : le cimetière qui occupait la place au Sud de l'église. Un second cimetière fut établi en 1628 pendant une épidémie près de la Motte Jouhan (12).

Le Couvent des Ursulines incendié pendant la Révolution.

L'Hôpital où l'on dispensait les soins aux malades, la maison de retraite où l'on recueillait les nouveaux-nés exposés encore vivants (13) ; les enfants abandonnés, élevés à la charge de la paroisse ...

 

(1) Alain Croix "La vie, la mort, la foi aux 16e et 17e siècles. Maloine Editeur Paris 1981, 779 pages.
(2) Nombre cité par Anne Duportal (la seigneurie S.A. d'I.V t XLIII -1915), les archives judiciaires de Hédé mentionnent onze paroisses.
(3) Carte des villes et paroisses de Bretagne sous l'Ancien Régime
(4) 3 BC 419 sept.1703 SAMS0N-MAIGNE. Le Meurtre de Thomas BEILLET marchand, s'en revenant de la foire de Rennes fût attaqué par plusieurs particuliers.
(5) Dictionnaire géographique de 0GEE
(6) Gravure les ruines du château de Hédé. A.D.
(7) Plan de Hédé vers 1835.
(8) Carte de localisation : Hédé (extrait de l'ouvrage d'Alain CROIX - Histoire de la Bretagne aux XVIe~XVIIe~XVIIIe siècle : la vie- la mort-la foi, 1981, (779p).
Renseignements extraits des ouvrages suivants :
Le département d'Ille et Vilaine, Paul BANEAT Histoire archéologie et monuments - REF : le château p.113 - Communication de Anne DUPORIAL p.179-181-190 Bul-Arch XLIV p.342 et 382.
(9) Plan de la partie Nord de la ville de Hédé vers 1680 d'après les anciennes réformations du domaine royal, ouvrage de A.Anne-Dupurtal.
(10) L'Auditoire et les prisons feront l'objet d'un chapitre notamment
en ce qui concerne leur état d'entretien - problème majeur dès la
fin du XVIIe siècle pour "la communauté de ville et la justice
("Prisons assolées": utilisation des prisons de Rennes attesté dans
les procédures criminelles dès 17..)
(11) Bulletin de la société Archéol.d'Ille et Vilaine XLIV, p.324.
(12) Alain CROIX "La vie-la mort-la foi
p.340 "La région centrée sur Bécherel et Hédé était un remarquable
foyer pour la dyssentrie, peste..." les facilités de propagation à
partir de la seule région tant soit peu urbanisée et tout près des 2 ou
3 principales villes de la province..."
(13) Affaire 3BC 437 1774 Exposition d'un enfant nouveau-né.

 

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