INTRODUCTION

 

Hédé est une ville de Haute-Bretagne située à quelques lieues de Rennes où siège l'intendance et le Parlement de Bretagne.

Hédé domine sur son promontoire rocheux de 100 mètres la campagne avoisinante. Certains affirment que l'on peut observer la côte maritime depuis les ruines de son château. Même si ceci n'est qu'une légende, on ne peut pas nier que sa position surélevée confère à notre ville un certain prestige.

Cet aspect suffirait-il à intéresser le lecteur ? On peut en douter, toutefois, d'autres critères légitimisent notre étude. Ainsi, il est utile de savoir que Hédé ne possède qu'une faible population et aucune terre cultivable. Dans ces conditions, on est en droit de s'interroger sur les motifs qui poussent à l'analyse d'une ville qui ne possède rien de ce qui fait la force des autres villes bretonnes du XVIII ème siècle.

Notre étude est renforcée, dans un premier temps, par la faiblesse du nombre des habitants qui pourtant n'entrave pas le pouvoir de Hédé sur les villages voisins. La ville n'est pas caractérisée par son poids démographique mais par les pouvoirs qui lui ont été concédés par les autorités. Afin d'être plus explicite, il est nécessaire de noter la définition que donne Ogée d'une ville en 1845 ; il considère comme ville," tous les endroits qui ont bénéficié de ce titre, par concessions de princes ou de rois ". Monsieur Claude Nières ajoute dans sa thèse sur " Les villes de Bretagne au XVIII ème siècle ", que le droit d'envoyer un député au Parlement de Bretagne renforce la définition précédemment citée. La ville de Hédé a reçu des pouvoirs des ducs de Bretagne puis des rois de France. Elle a obtenu le droit de lever des octrois sur les marchandises échangées dans ses murs et dans le village de Vignoc. Elle possède un corps municipal ancien et surtout, elle députe aux États de Bretagne depuis 1645.
Ville sans campagne, Hédé vit pourtant en rapport constant avec le milieu rural voisin. Elle abrite des marchés et des foires fréquentés par des marchands ambulants ou d'autres qui viennent des villages limitrophes. Hédé ne manque pas de biens agricoles même si elle n'en produit pas.

Hédé est sans contestation possible une ville, même si, elle ne se définit pas par sa population et son travail agricole. Néanmoins, une distinction apparaît en 1763. A cette date, une ville doit comptabiliser 2000 habitants agglomérés. Loin d'obtenir un tel taux, Hédé n'en reste pas moins une ville. On est une ville par ses droits mais aussi par son histoire. Il est possible de reconstituer brièvement l'historique de la ville, dans le but de mieux comprendre l'époque moderne qui nous intéresse ici.

L'arrivée des bretons vers 513 de notre ère marque le futur emplacement de Hédé. Hadeuc, chef de la communauté bretonne, décida de s'installer sur ce plateau rocailleux.
Les siècles suivants nous sont très mal connus. Il faut attendre le XII ème siècle pour que l'histoire de Hédé soit plus précise. En 1118, l'ordre des Chevaliers du Temple prend la direction d'un centre pour les lépreux qui existait déjà. La communauté de Hadeuc ne voyait pas d'un bon oeil l'installation de la léproserie à côté de chez eux. Afin d'éviter les querelles, le duc Conan IV établit une charte, en 1162, qui délimitait le territoire de chacun. Cette charte officialise la création de Hédé qui porte encore le nom de Hadeuc. En 1312, le pape Clément V, sous la pression du roi de France Philippe le Bel excommunie les chevaliers de l'Ordre du Temple. La léproserie passe aux mains de l'Ordre des Hospitaliers.

L'historique est restreint et incomplet, car nous ne devons pas nous polariser sur des questions trop éloignées de notre sujet. Toutefois, il faut encore noter la rébellion des comtes de Bretagne contre le pouvoir royal. Cette révolte est matée par Henri IV en 1599. Le roi fait détruire le château de Hédé afin d' éviter une nouvelle révolte. Seul un mur de l'édifice est resté debout au XVIII ème siècle.

Il fallait installer dans ce siècle des coupures imaginaires, dans le but de faciliter notre étude. La date de départ, 1739, a été choisie sans grandes difficultés car les documents sont peu détaillés au début du XVIII ème siècle. Le problème est apparu alors que l'on devait déterminer le point de rupture de notre analyse. L'année 1789 est, par tradition, considérée comme la fin d'une époque. L'année révolutionnaire pouvait servir de conclusion, mais, il nous a semblé que cette date n'était pas fondamentale pour Hédé. En revanche les bouleversements, qui résultent de la Révolution même, semblent un point d'aboutissement plus approprié. C'est en 1792, que la ville de Hédé exécuté les ordres révolutionnaires : elle expulse les Urselines, se jumelle avec des communes avoisinantes et devient profondément républicaine. Cette date apparaît davantage comme une rupture, dans l'histoire de Hédé, que celle conventionnelle de 1789.

Maintenant que nous avons fixé le lieu et le temps, il nous reste à déterminer les fondements de notre sujet.

Aucune monographie n'a de base stable sans étude démographique. C'est ce que nous verrons largement dans une première partie avec l'analyse des registres des B.M.S (bâptèmes-mariages-sépultures). La combinaison des B.M.S, des registres de capitation et des inventaires après décès nous permettra de regrouper les hédéens dans les différentes classes sociales.

Pour conclure, nous nous attacherons à une étude plus politique de la ville.

 

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