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Pouvoirs et politisation : Hédé et son canton
( 1785 — An II)


ANNEXE 21



    Lettre du citoyen Allix au commissaire du directoire exécutif Denoual près l’administration de Hédé (Guipel, 7 pluviôse 4ème année républicaine, 27 janvier 1796). (L 366)

    « Je ne vois, mon cher Denoual, aucun moyen de réunir les citoyens de cette commune en assemblée délibérante, notre commune se trouvant maintenant le théâtre de la chouannerie, puisque l’on compte très peu de maisons qui n’avaient été pillées, ou désarmées, exceptés le bourg, qui sautera à l’heure, qu’on y pensera le moins, quoique bien déterminé à opposer de la résistance. Tout est comprimé jusqu’aux plus faibles opinions en faveur de la République. Une assemblée doit être libre, elle ne peut l’être, ce n’est pas au milieu des bayonettes que l’on peut délibérer. D’ailleurs, l’élection faite au mois de brumaire dernier a porté sur 2 hommes éclairés et sans enfans ni l’un , ni l’autre, ils n’ont donc aucun moien d’excuse valable, ils n’ont donc pour mobile que la mauvaise volonté. Sous le régime de la terreur, je fus en mon absence nommé agent national. Je voulus jazer sur ma nomination devant l’administration départementale, peu s’en fallut que je ne futs condamné à la gesne pour 2 ans. Pourquoi donc ces hommes seraient-ils donc plus heureux que moi ? Cependant, je rendrai justice à François Chottard, adjoint municipal, car si son collègue voulait prêter son collet, Chottard ne reculerait pas de son côté. Biet peut avoir la volonté d’opérer le bien, mais je sais à ne plus en douter que les chouans lui ont défendu sous peine de mort de se mêler des affaires de la République, or de toutes ces raisons je conclus que tant que nous serons en bute aux incursions des chouans, nul homme n’acceptera de places administratives, pour se soustraire à leurs fureurs. Cela n’empêchera cependant pas les ex-maires et officiers municipaux de faire leur devoir, conformément aux ordres que tu leur as fait transmettre, mais j’ose presque t’assurer d’avance que leurs efforts n’auront aucun effets finis. Le mal vient de ce que les campagnes sont entièrement abandonnés et les villes absolument fortifiées et défendues. De là, il est faute de concevoir que notre gouvernement, loin de se faire de nouveaux prosélytes, perd tous les jours en détail de ses meilleurs partisans. Comme cette lettre ne t’es que particulière, tu voudras bien ne la communiquer à personne. Salut et fraternité, signé Allix.
    Pour copie conforme, Denoual ».