2 - LA VIE ECONOMIQUE A HEDE

 

2.2 LE COMMERCE ET SES LIMITES

2.2.1 UNE VILLE DYNAMIQUE

Hédé est une ville où le commerce joue un rôle prédominant. Cette activité permet à la ville d'accumuler de l'argent. En effet, Hédé prélève des octrois sur toutes les marchandises qui entrent dans la ville pour y être vendues. Elle bénéficie aussi d'un privilège ancien qui l'autorise à exercer ce même droit sur la ville de Vignoc.
L'activité commerciale est à la source du dynamisme de la ville. Elle se traduit par la tenue de marchés et de foires.

* Le marché

Le marché se tient à Hédé tous les mardis de chaque mois. Il est constitué par la vente de deux produits principaux ; il existe un marché au fil et un marché aux denrées. Les mardis à Hédé sont des jours d'intense activité commerciale. Ils attirent de nombreuses personnes de l'extérieur. Les marchands ambulants viennent de loin ; ce sont eux qui remplissent les cabarets et enrichissent leur propriétaire. Les acheteurs sont, avant tout, les hédéens eux mêmes mais aussi les habitants des villages voisins.
On peut se demander en quoi le marché de Hédé était plus intéressant que d'autres. L'explication est à rechercher dans les conditions de vente sur le marché. La ville de Hédé possède un fort avantage sur d'autres, car elle a obtenu une franchise, c'est-à-dire que certains produits vendus sont exemptés de taxes. Les marchands peuvent déballer librement leur marchandise. Cette franchise ne signifie pas que les marchands ont tous bénéfices à venir à Hédé. La ville a aussi des droits. Elle prélève, par exemple, un octroi sur le vin et le cidre vendus en ville. Ce privilège a été accordé à la ville par une lettre patente de 1645 ; il est énoncé à nouveau, par la communauté en 1779. Hédé lève des octrois sur le village de Vignoc. La situation devient intolérable pour cette dernière. A la fin du XVIII ème siècle, elle refuse de payer ses octrois. Hédé lui intente un procès qu'elle va perdre. La perte des octrois limite l'enrichissement de la ville par le commerce.

Le marché est installé en deux endroits à Hédé. La halle située en plein centre ville abrite le marché, et la place du champ de foire, contiguë au vieux château, fait double emploi la vente des denrées tous les mardis et, cinq fois par an, l'installation de la foire aux bestiaux.

La liaison entre ces deux endroits relève de l'acrobatie par une étroite ruelle qui joint la halle et le champ de foire. D'autre part, l'afflux de marchands et d'acheteurs les jours de marchés, rend la circulation dans la ville très périlleuse. Cette situation inquiète la communauté de ville. En 1787, elle décide de faire construire une rue pour désengorger la rue de Bayle. La ville est obligée pour effectuer les travaux d'empiéter sur les jardins appartenant aux notables, le sieur Bourssin , le sieur Guillois et la Dame Duvivien. Chacun d'eux se plaignent de la violation de leur domaine privé. Par une lettre du 10 mai 1787, la communauté demande à l'intendant de bien vouloir payer les plaignants. Ainsi, les travaux peuvent aboutir. La rue est baptisée du nom de l'intendant, Antoine-François de Bertrand de Molleville. La construction de la rue de Bertrand facilite la circulation entre les deux zones commerçantes. Malgré l'importance du marché et l'enrichissement dont il est l'élément moteur, la ville connaît de grandes difficultés pour maintenir les lieux en état. Le champ de foire est défoncé, mais entretenu. La halle, construite en 1455, est délabrée. Après les marchés, la ville croule sous les déchets. La police doit surveiller sans relâche les transactions pour limiter les fraudes. Elle oblige les boulangers à vendre des pains, préalablement marqués et pesés, au prix du marché. Le commerce s'effectue dans de mauvaises conditions.
La place du marché domine dans la vie économique de Hédé. Elle est relayée, épisodiquement, par les foires aux bestiaux qui attirent beaucoup de monde sur la place du champ de foire.

*La foire

Les documents sur la foire, en tant que telle, sont rares. Nous savons que les foires sont franches et attirent beaucoup d'étrangers dans la ville. On dénombre cinq foires par an dont la plus importante est celle de la Saint Jean au mois de juin. On y vend essentiellement des bovins, mais Hédé abrite, plus rarement, des foires aux chevaux. Les foires se tiennent sur un terrain vague nommé Le Baille et, sur le terrain juxtaposé au château, mais l'emplacement n'appartient pas à la ville. La crainte de la communauté est de voir les foires disparaître avec l'acquisition du terrain par une tierce personne.
Notre attention va se porter sur les mesures prises par la communauté pour devenir propriétaire du terrain. Cette question est largement débattue par le conseil municipal à partir de 1775. Il est nécessaire d'élargir l'étude aux années post-révolutionnaires pour établir un tableau complet du rôle commercial de Hédé.
Pour sauvegarder son commerce, la ville de Hédé doit devenir propriétaire du terrain du champ de foire, qui appartient aux domaines du roi. il est en très mauvais état. Son nivellement s'impose. En 1775, la communauté adresse une requête à l'intendant afin qu'une aide financière lui soit accordée pour commencer les travaux: "pour être autorisé à afféager le terrain sur lequel se tiennent les foires aux bestiaux " (52).

Au même moment où se pose le problème du champ de foire, des travaux ont été entrepris sur la montagne où est situé le terrain. Le devis estimatif, pour l'escarpement de la montagne, est largement dépassé par le montant réel des travaux. La ville de Hédé entend bien se faire dédommager des préjudices qui lui ont été causés. Elle réclame, en contre partie, l'établissement de sept nouvelles foires (53). Nous ne savons pas si elle obtient gain de cause, mais une chose est sûre, c'est que l'intendant autorise la ville à affléager son champ de foire. A ce moment, la ville se pose des questions qui sont transcrites par les délibérations du conseil. Faut-il remettre en état le champ de foire alors qu'il n'est pas la propriété de la ville? Hédé craint que le terrain soit cédé à une personne privée. Pour régler ce problème, la communauté a envoyé au conseil du roi, une lettre disant qu'

" il existe près du vieux château de leur ville, appartenant à sa majesté, un terrain vague et couvert de rochers contenant environ trois journeaux, bordé à l'orient en partie par les jardins ..., au midi au nord et à l'occident par des terrains vagues et des rochers ..., que la plus grande partie de ce terrain sert à tenir la foire pour la vente des bestiaux et qu'il est d'autant plus intéressant pour la ville de conserver cet emplacement et que c'est à raison de ces foires que se perçoivent les droits d'octrois qui lui ont été accordés et qui forment son seul et unique revenu, que dans les Etats, les suppliants étant instruits que la totalité du terrain appartient à sa majesté ..., et craignant que quelques particuliers ne voulussent demander l'aliénation soit de totalité, soit de partie dudit terrain, ce qui causerait à la ville, le plus grand préjudice, ils se seraient déterminés à solliciter eux-même la concession du terrain " (54).

Le terrain du champ de foire est primordial pour l'activité commerçante de la ville. Ce constat légitime l'intervention de la communauté auprès du roi. Le conseil propose d'offrir au roi, Louis XVI, une redevance annuelle et perpétuelle de dix sous pour cette concession. Le roi de France accepte de louer son terrain à la ville. Il le fait savoir par un décret rendu le 22 décembre 1778, enregistré à Hédé le 21 janvier 1779.
La ville est maintenant toute disposée à effectuer les travaux nécessaires au terrain de foire. La ville s'endette afin de mener à bien l'ouvrage. Le 9 juillet 1783, la chambre des comptes de Nantes réclame 1500 livres à la ville qu'elle ne peut payer. L'intendant intervient, par l'intermédiaire de l'ingénieur Piou, afin que soient évalués, à leur juste valeur, les travaux pour le champ de foire. Le 5 mars 1786, la communauté annonce son désir de poursuivre les travaux, en suivant le devis réalisé par l'ingénieur :

" la communauté désirant que le nivellement du champ de foire de cette ville ne reste pas imparfait et reconnaissant la nécessité de l'escarpement proposé par le sieur Piou, désirant en outre venir au secours des nécessiteux dont le nombre augmente chaque jour a été d'avis de prier Monseigneur l'intendant de permettre à la communauté de prendre sur ses fonds et sur la somme de 2400 livres déjà accordée, celle de 1600 livres attribuée par le sieur Piou pour être conjointement employée à achever le nivellement du champ de foire de la ville et aux autres travaux accessoires dudit nivellement." (55).

La transformation du champ de foire améliore les conditions de vente et, stimule le commerce à Hédé. Pourtant, en 1792 sous la Convention, l'activité commerciale de la ville est ébranlée par un arrêt venant de Paris. Ce dernier annonce que dorénavant, les foires se tiendront à Rennes, le premier et troisième mardis entre février et octobre. Cette mesure a d'importantes répercussions sur la ville : elle perd non seulement l'exercice d'une activité commerçante et les octrois qui lui étaient liés, mais aussi, l'argent que les marchands ambulants et acheteurs dépensaient dans les cabarets ou boutiques. Le transfert des foires de Hédé à Rennes constitue une catastrophe économique pour la ville. Néanmoins, 1792 n'a pas représenté une rupture brutale, certains signes avaient laissés présager un tel déroulement.

 

2.2. SES LIMITES

* La destruction de la halle

Les halles de la ville de Hédé ont été construites au XIV siècle. Elles appartiennent au domaine du roi. Elles répondent à deux fonctions, elles abritent le marché au beurre et, peuvent aussi servir de refuge aux chevaux des soldats présents dans la ville. L'aspect économique est le seul à attirer notre attention dans cette partie.

Les halles, debout depuis quatre siècles, ont subi de nombreux délabrements. L'ensemble a été construit avec un mélange de torchis et de pierres. Il n'a pas résisté aux agressions du temps. Au XVIII ème siècle, l'état de l'édifice est précaire. La communauté de ville décide d'intervenir. Elle expose la situation à l'intendant. Ce dernier incite la ville à entreprendre des travaux de démolition. Avant de se lancer dans des dépenses, le conseil demande à l'intendant " d'envoyer un dit ingénieur ou architecte qu'il voudra bien choisir pour conformément à la dite lettre rapporter un devis estimatif de ce qui pourra compter pour la démolition des halles " (56). La question financière inquiète la communauté qui ne veut pas payer pour la perte de son marché. Un arrêt du conseil du roi parvient à Hédé le 1er août 1752. Le roi annonce que la halle de la ville ne lui rapporte rien et qu'il ne voit aucun intérêt à la conserver. Il autorise la vente des matériaux résultant de la démolition de la halle en adjudication. La vente se déroulera dans l'auditoire de la ville juxtaposé à la halle. Cette vente ne satisfait pas la communauté qui espérait conserver le bénéfice de la vente pour elle. L'adjudicataire est dans l'obligation de se conformer au plan de démolition dressé par l'ingénieur Loizeleur, et de rendre la place propre deux mois après l'ouverture des travaux. Le nom de l'acquéreur ne nous est pas divulgué, mais nous pouvons penser qu'il s'agit de la ville. La démolition de la halle est effectuée à partir d'octobre 1752. La destruction de la halle aboutit à un marasme économique qui se traduit par la baisse de fréquentation des marchés de la ville. D'ailleurs, la communauté reconnaît la gêne dans laquelle elle est plongée depuis la démolition des halles "[...] cause grand préjudice au marché de la ville qui est totalement tombé " (57). Les hauts dignitaires de la ville réclament, dès lors, la construction de nouvelles halles. Ainsi en 1760, Monsieur Belletier reçoit les remerciements de la ville pour les nombreuses requêtes déposées, à ce sujet, aux Etats de Bretagne. La communauté annonce qu'elle prie "le sieur Belletier de continuer et faire de nouvelles représentations aux Etats pour le rétablissement des halles " (58). Toutes les démarches entreprises au cour du XVIII ème siècle se concluent par un échec. Il faut attendre le XIX ème siècle pour que de nouvelles halles soient érigées.

L'activité économique de Hédé, orientée vers le commerce, est perturbée après la destruction de la halle. Les marchés perdent de leur vigueur. Les fraudes, incessantes pendant notre période, tendent à réduire le rôle de Hédé, en tant que place commerçante.

 

* Les fraudes

Il ne faut pas s'imaginer, qu'un commerce aussi florissant que celui de Hédé ne connaissait aucune entrave à son exercice. Les fraudes et les vols y étaient nombreux et fréquents. La ville se heurte à des difficultés lorsqu'elle désire combattre ces délits. Elle lutte, davantage, contre les fraudes ; peu de documents se rapportent aux vols.
Les premières personnes, agissant de manière frauduleuse, sont les marchands eux-mêmes. Les boulangers, par exemple, sont obligés de vendre à prix fixe les pains pesant une livre ; en réalité, on s'aperçoit que les pains pèsent souvent moins d'une livre et, sont pourtant vendus au même prix.
La ville de Hédé s'entend à combattre les diverses formes de fraudes. Elle essaie de les endiguer, en instaurant des règlements de police, stipulant les conditions de vente sur les lieux de marchés ou foires. Nous savons, à travers les délibérations communales, que Jean Belletier, assisté d'un huissier, inspecte régulièrement les marchés afin de se rendre compte du respect des règlements. Ils s'aperçoivent que de nombreuses marchandises, recélées ou cachées, sont mises en vente malgré les interdictions. Les marchands arrêtés doivent s'acquitter d'une amende s'élevant à 40 sols ; cette amende ne décourage pas les plus audacieux. Le sieur Belletier est confronté à de nombreuses réclamations : les "honnêtes" marchands et habitants de la ville se plaignent que les forains achètent des denrées en dehors de l'enceinte réservée au marché et les revendent à des prix plus élevés. Le sieur Belletier raconte qu'en visitant les faubourgs de Hédé, il a entendu

"les plaintes de différents habitants et de plusieurs particuliers sur ce que hors du marché de cette ville et du lieu ordinaire de son assise, un grand nombre de marchands forains de fil et de beurre se rendaient hors des faubourgs et à l'entrée d'iceux, achetaient et vendaient les différentes denrées et fils, empêchaient qu'on les eut porté au marché, en privaient les habitants, causaient la renchére de ces sortes de marchandises quand elles échappaient à leur vigilance " (59).


Ces articles font sentir une activité importante à l'extérieur de la ville. Face à la poursuite des actes frauduleux, la communauté réagit en renforçant les règlements de police. Dorénavant, il est "expressement défendu d'acheter hors du marché et en le lieu de son assise, et plus tôt qu'à six heures du matin en été et six heures et demi en hiver " (60). Cette mesure est consécutive à la visite du sieur Belletier dans les faubourgs de la ville. Il décide de renforcer la surveillance des lieux de vente, et de faire payer une forte amende à tous les fraudeurs. La situation ne change guère, puisque le sieur Belletier est obligé de confisquer la marchandise d'un certain Chenot qui vendait du beurre à l'extérieur de la ville. La vente illégale du beurre est fréquente. Les habitants de Hédé se plaignent que les marchands forains achètent le beurre disponible, à l'extérieur de la ville, en privant ainsi les hédéens. Nous savons, en effet, que les forains attendaient les marchands à partir de trois heures du matin, pour leurs acheter l'ensemble de leurs produits. Les marchandises étaient revendues ailleurs que dans la ville.

Les marchands forains des paroisses voisines se présentent au marché dès trois heures du matin [...] et achètent conjointement avec les marchants beurriers de cette ville tout ce qui est apporté de beurre, pour les transporter aux villes de Saint-Malo ou de Rennes, afin d'en approvisionner les habitants et aider aux charges provisonnelles des vaisseaux pour la commodité des passagers [...] ce qui met les particuliers de cette ville dans l'impossibilité d'avoir aucune denrée " (61).
Ce texte montre la nécessité d'instaurer des horaires fixes pour le marché.

Le nombre de plaintes est très important Les registres de police abondent sur ce thème. Les lettres de dénonciation sont les plus courantes. Elles révèlent le caractère général de la pratique des fraudes " j'ai l'honneur de vous remontrer [...] que presque tous ceux et celles qui apportent des denrées au marché, les portent chez les habitants qui les recèlent, en sorte qu'elles ne paraissent point au marché " (62).
Les fraudes tendent à s'accroître régulièrement, face à des intervenants qui n'ont pas les moyens de faire respecter les lois. il advient que le marché perd, petit à petit, son rôle commercial. La situation devient intolérable avec l'installation des foires à Rennes. La ville se transforme, doucement mais inéluctablement, en gros bourg de campagne. Elle a moins de poids sur les villages avoisinants, et surtout, la ville de Rennes est si proche de Hédé ! Le dynamisme de la ville n'est plus qu'un souvenir à la fin du XVIII ème siècle. D'autres signes dénoncent le laisser aller de Hédé. Il s'agit du réveil de l'alcoolisme à l'époque pré-révolutionnaire.

 

* Le développement de l'alcoolisme

Le problème lié à l'alcoolisme est renforcé à Hédé par le nombre des auberges et débits de boissons. Les hommes, surtout, fréquentent ces lieux de perdition. L'alcoolisme chez les femmes semblent plus marginal ou seulement plus difficilement contrôlable. Les hommes, au contraire, s'arrêtent dans les cabarets régulièrement : militaires, ils s'y reposent ; voyageurs, ils y demeurent ; habitants, ils s'y amusent. Bref, les débits de boissons ont des clients.
La communauté est obligée de rédiger des règlements de police afin de limiter la consommation d'alcool. Ainsi, la garde nocturne de Hédé annonce que "tous les citoyens qui se présenteront ivres à leur service seront remplacés à leur frais " (63). Des mesures sont prises qui concernent ceux responsables de l'alcoolisme :

"fait défense à tous, aubergistes, cabaretiers, gens tenant billard, café et lieux publics et autres sans exception de retenir chez eux aucuns particuliers pour leur donner à jouer et à boire après neuf heures du soir, depuis le 1er novembre jusqu'à Pâcques, et après dix heures depuis Pâcques jusqu'à la Toussaint, et les dimanches et fêtes pendant l'office divin " (64).

Les heures où les débits de boisson restent ouverts plus longtemps correspondent à la période estivale : lorsque la longueur du jour permet de travailler plus tard et, pendant l'exécution des travaux des champs. Le règlement est sévère ; il se rapporte aux bagarres incessantes que relatent les procès verbaux. La consommation excessive d'alcool provoque de nombreuses altercations. Nous pouvons noter la violence extrême de ces disputes : deux hommes se sont battus à l'extérieur d'une auberge ; le combat est résumé en ces termes: "[...] le jetta à terre et après l'avoir terrassé, se servit de son pied bien ferré et mailleté de gros clous, l'accabla de grands coups de pieds sur le visage, dans la tête et sur l'estomac " (65).

Les mesures prises pour limiter l'alcoolisme masque une autre réalité. La communauté n'a pas pour but d'interdire la consommation d'alcool. Au contraire, le conseil intervient pour que les boissons soient vendues au même prix à l'ensemble des classes sociales : " étant d'ailleurs commune à tous, il convient que tous, même les détaillants l'aient au même prix " (66).
L'alcool fait partie de la vie de Hédé et personne n'a le désir d'en interdire la consommation. D'ailleurs le cidre est considéré comme une denrée de première nécessité.

Hédé est caractérisé par la place importante tenue par la classe des juristes et notables, ainsi que par le rôle dynamisant joué par les marchands de bouche et les débitants. Cette représentation de la ville n'est plus valable à la fin du XVIII ème siècle. L'analyse économique a fait apparaître de fortes disparités sociales. Les foires et les marchés ne sont plus les moteurs de l'activité économique. Hédé n'a pas d'industrie naissante ; elle est située trop près de Rennes pour pouvoir espérer un essor autonome. Le commerce s'effrondre. Les habitants quittent une ville sclérosée qui ne fournit plus de travail à l'ensemble de sa population. L'avenir économique semble compromis à la veille de la Révolution. Les différents pouvoirs présents dans la ville (religieux, militaire et civil) tentent, chacun avec leurs moyens, de faire vivre la petite ville de Hédé. ils comptent sur la tranformation de la ville pour donner une image plus attractive de leur cité.


La communauté aura-t-elle assez de poids pour que la ville de Hédé ne devienne pas une petite ville de campagne sans activité ni pouvoir?

 

 

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