1 - ETUDE DEMOGRAPHIQUE

 

1.2- L'HYGIÈNE ET LA MÉDECINE

 

1.2.1 AMÉLIORER L'HYGIÈNE

L'étude de l'hygiène individuelle est périlleuse car l'intimité de chacun n'apparaît pas au travers des textes juridiques. Il existe, toutefois, quelques traces de délibérations communales qui ont comme sujet la recherche de la propreté personnelle et, par conséquent, l'existence même de ces mesures est une preuve de l'état précaire de l'hygiène.

Outre les délibérations, la source documentaire la plus intéressante pour cerner le sujet est l'analyse des inventaires après décès. Ils font la description des intérieurs de Hédé et permettent de ce faire une idée sur la qualité de vie de chacun, donc de l'hygiène. Ils montrent, dans de nombreux cas (il existe 70 inventaires pour notre période) que l'hygiène n'est pas un concept répandu dans la ville. Cette source, pourtant essentielle, reste insuffisante pour une analyse minutieuse. En effet, les inventaires après décès ne nous fournissent qu'une description d'objets. Le but de notre étude sera donc de savoir dans quelles mesures ces objets peuvent traduire l'existence d'une hygiène dans un foyer.

P.Sebillot, dans son ouvrage sur les coutumes bretonnes au XVIII siècle indique que l'hygiène n'est pas une préoccupation première pour les bretons. A partir de quelques exemples, nous allons examiner la position de Hédé et de ses habitants afin de se rendre compte du réel état de la ville. Toutefois, il faut apporter une limite à cette analyse ; les exemples ne sont en aucun cas représentatifs de l'ensemble de la population. Ils ont été choisis parce qu'ils regroupent les comportements les plus extrèmes.

Le premier exemple se réfère à l'inventaire effectué après le décès d'Anne Morin, survenu le 28 septembre 1776. Les termes sont peu élogieux pour nous présenter cette femme :

......la dite Anne Morin était domestique chez René Lemarchand, elle a été attaquée d'une
maladie infectante, elle entra chez Pierre Morin avec des hardes et des linges bien plus considérables et meilleurs qu'ils le sont actuellement, entendu sa malpropreté, son infirmité et son imbécillité
"(26).

Il est légitime de penser que d'autres personnes, vraisemblablement pauvres, portaient des hardes. Les inventaires nous en fournissent plusieurs exemples. L'habit devient un synonyme au manque d'hygiène. Inversement, les beaux linges, souvent coûteux, traduisent le propreté. La propreté est-elle l'apanage des plus riches?
Le fait que deux perruquiers se succèdent dans la ville de Hédé, prouvent que l'hygiène individuelle intéresse certains des habitants. La recherche de l'esthétisme est un luxe qui n'est permis qu'aux juristes et notables. Les inventaires montrent quelques rares marchands ou cabaretiers enrichis possédant des objets relatifs à l'hygiène, c'est le cas pour Noëlle Monnier. Ce phénomène, d'assimilation ou de ressemblance apparaît comme marginal au sein de la société hédéenne. Pourtant, il est vrai que la richesse ouvre les portes de la propreté. L'inventaire effectué pour Jan-François-Judith Belletier en 1790, notable dans la ville de Hédé, laisse découvrir un homme très attaché à son apparence physique. Il est le seul à posséder chez lui, une pièce exclusivement réservée à la toilette, ainsi que des objets plus courants comme les perruques, pommades ou peignes. Là encore, nous pouvons dire que l'hygiène est un affaire de personnes aisées.

L'hygiène peut aussi être envisager comme un cadre qui favorise la vie. Ce n'est plus à l'individu de s'auto-éduquer mais à la communauté de lui dire ce qu'il doit faire. Le conseil légifère dans le cadre des enterrements et de leurs conséquences malsaines sur l'hygiène. Il apparaît nécessaire de creuser davantage la terre, afin qu'aucune odeur n'indispose ceux qui habitent à proximité du cimetière.
Nous passons ici de l'hygiène individuelle à l'hygiène urbaine puisque tous les habitants sont touchés par ces mesures.
L'hygiène urbaine a donné naissance à de nombreux documents qui émanent des délibérations de la communauté des nobles bourgeois de la ville. Elle est une des préoccupations majeures de Hédé. L'année 1767 annonce la première démarche administrative, en vue d'un respect de l'environnement urbain. Des décisions importantes sont prises par l'oligarchie municipale en décembre 1788, mais la mise en service du décret est reportée en 1790. Les deux années qui séparent l'émission de l'exécution sont celles des troubles révolutionnaires.
L'intérêt, que porte la ville à régler le problème, montre que l'hygiène urbaine doit être médiocre.

La première mesure adoptée par la ville se rapporte à l'état de la rue. La communauté demande à chacun des habitants de faire un effort pour qu'elle soit propre. Elle oblige que "les habitants de la ville soient par provisions condamnés de balayer ou de faire balayer leurs pavés et leur rue deux fois par semaine au moins même plus souvent s'il en est besoin " (27). Une menace accompagne l'ordre si il n'est pas appliqué par une personne, celle-ci devra verser une amende s'élevant à trois livres et quatre sols. Cette peine est aussi en vigueur pour tous ceux qui refuseraient de balayer la place du marché. Le conseil rend responsable chaque individu de l'état de propreté de la ville.
Ce Constat élargit celui de 1767 par lequel on réglementait l'exposition des bois et marnix dans les rues. Pour que le problème soit, à nouveau au coeur des délibérations, on peut penser que les hédéens n'ont en rien modifié leurs habitudes quotidiennes.
Les mesures suivantes font référence à l'encombrement fréquent de la ville. Le caractère commercial ainsi que la situation géographique de Hédé accentuent ce phénomène; un avis est promulgué "aux auberges, routiers et autres " pour qu'ils ne laissent plus " les voitures dans les rues, ferment presque le passage et qu'il en résulte plusieurs accidents ". D'autre part, les marchés et foires amènent de nombreux résidus qui s'ajoutent aux ordures ménagères. La communauté veut endiguer le problème: "pour ne pas que les rues deviennent un réceptacle d'ordures par les commodités qui s'y dégorgent "(29).
Cette requête aboutit à la rédaction d'un règlement le 10 septembre 1790. Nous allons donner lecture des plus importants articles de ce document. Les différentes motions permettent de tracer un tableau de ce que devait être la vie dans une petite ville de Haute-Bretagne.

* "tous ceux qui auront des latrines qui se répandront dans les rues de cette ville seront tenus de la boucher de manière qu'il n'y ait plus leur dans la huitaine du jour de la publication de la présente, et faute de la faire dans le dît délai, elles seront bouchées à leur frais."
*" Défend à toutes personnes de nettoyer les fûts et barriques dans les rues ou places
publiques, ni d'y répandre les desdits fûts et barriques ainsi que toutes eaux corrompues et d'une odeur féotide."
* "Défend à tous les habitants de laisser séjourner leur fumier ou marnix dans les rues ou places publiques, ni de laisser plus de vingt-quatre heures sur le sillon du pavé leurs fagots ou autres gros bois à peine de confiscation et aux rouliers, voituriers et tous autres de mettre leur voiture sur le sillon."
*"Défend à toutes personnes de laisser leurs cochons et autres animaux mal faisants ou féroces et de mener plus de trois chevaux ensembles qui seront bien attachés."
* "Défend aux bouchers, charcutiers, vendeurs de la ville d'exposer en vente aucune viande qui ne soit bonne, saine et bien conditionnée, sur les peines de confiscation, leur défend pareillement de laisser répandre sur les rues le sang des animaux qu'ils saigneront."
* " Défend à tous les habitants de rien jeter par les fenêtres qui puisse blesser ou endommager les passants ou causer des excitations nuisibles, et de rien exposer aux fenêtres ou autres parties du bâtiment qui puisse nuire par la chute."
* " Ordonne à toutes personnes de tenir leurs chiens matin à l'attache à peine d'amende ci-après et de répondre de tous les torts et méfaits qu'ils pourraient causer : ordonne pareillement à toutes personnes qui sauraient que leurs chiens auraient été mordus par d'autres animaux enragés de l'encaver bien profondément.
* " Enjoint à toutes personnes qui font encaver leurs chiens, chevaux, vaches ou autres animaux morts à quatre pieds de profondeur, faute de quoi ils seront encavés à leur frais et condamnés dans l'amende."
* "Défense à toutes personnes de porter du feu dans la rue s'il n'est enfermé dans un vase."
(30)


Ces mesures nous permettent de nous faire une idée plutôt pittoresque de la vie à Hédé à la fin du XVIII ème siècle. On sent une ville haletante : les animaux domestiques, qui complètent l'alimentation de ceux qui les détiennent, vivent en pleine liberté dans les rues. Celles-ci sont détériorées par les passages successifs. La rue semble être le centre de la ville : des eaux et détritus de caractères divers apportent des odeurs nauséabondes ; les différents métiers ont pignons sur rue ; les marchands de bouche laissent s'écouler le sang des animaux qu'ils égorgent sur la chaussée.
On a l'assurance d'une hygiène urbaine précaire, mais en même temps on nous donne une image dynamique de la ville. Le règlement de police apparaît, dés lors, comme un nécessité car on peut imaginer la saleté des rues et le puanteur de l'air.
C'est dans un tel contexte que la population de Hédé évolue. L'insalubrité donne naissance ou renforce des maladies diverses que l'encadrement médical présent à Hédé tente de soigner. Nous allons étudier dans quelles circonstances les médecins et chirurgiens peuvent venir en aide aux hédéens.

 

1.2.2 LE RÔLE DE LA MÉDECINE

L'étude de l'encadrement médical est basée sur deux sources essentielles : les rôles de capitation qui nous renseignent sur le nom des médecins, les années pendant lesquelles ils exercent et le montant d'imposition dont ils doivent s'acquitter, ainsi que les rapports juridiques consécutifs à la mort suspecte d'une personne.
Par une lettre du premier septembre 1739, la communauté de Hédé fait une demande auprès de l'intendant de Rennes, pour que le sieur Guillaume Daniel Martin puisse exercer en tant que chirurgien dans la ville. L'intendant ne peut donner une réponse sans un préalable avis royal. Jean Dubois, conseiller et médecin du roi, est seul à être habilité à remettre l'entrée en charge au sieur Martin. Le conseil reçoit une lettre royale dans laquelle le roi reconnaît au sieur Martin le droit d'exercer à Hédé. Le message est transmis à la ville par l'intermédiaire de l'intendant : " nous avons reçu et admis le dit sieur Guillaume Daniel Martin à exercer conformément aux dites lettres, l'art de chirurgie dans notre ville de Hédé et ressort de notre juridiction parce qu'il prêtera devant nous le serment de se comporter avec honneur et probité dans l'exercice dudit art. "(31). Le sieur Martin est capité en tant que chirurgien en 1737, 1739, 1740 et 1741 pour un montant oscillant autour de cinq livres par an. Il n'est pas capité comme chirurgien en 1738, mais nous pouvons penser qu'il s'agit d'un oubli de transcription de la profession. En 1740, la ville de Hédé a un autre chirurgien. Une lettre de la communauté ratifie le 21 décembre l'accord du roi de France qui intègre le sieur Sèbastien Jan-Marie Guinot comme maître barbier-chirurgien dans la ville.

Deux médecins exercent au même moment à Hédé. L'un est chirurgien, le second est, en plus, barbier. L'association de ces métiers semble liée à un fondement économique. L'apport de "barbier" permet au chirurgien de mieux vivre ; ce qui laisse à penser que peu de personnes faisaient appel aux chirurgiens. Les honoraires importants ne pouvaient pas être supportés par les plus modestes. La médecine apparaît élitiste.
Les rôles de capitation donne le nom d'un autre chirurgien, le sieur Harans, capité en 1740 pour deux livres et dix sols, et en 1741 pour trois livres et dix sols. Nous ne savons rien de plus sur ce chirurgien. Nous pouvons en déduire qu'il a exercé son art pendant la dysenterie de 1739-1741 et qu'il a été ensuite appelé par une autre ville, elle aussi frappée par une épidémie.
Le 5 juin 1752, le sieur François Henry Gobineau obtient le droit d'exercer. On parle de lui, dans les documents, comme du chirurgien de Tinténiac, mais il est capité dans la ville de Hédé, donc nous pouvons croire qu'il partageait son activité entre les deux villes. Il est capité en 1753 pour quatre livres et en 1754 -1755 pour six livres. En 1752, le sieur Jan-Felix Pigeon obtient, lui aussi, le droit d'exercer. Il est capité à partir de 1775 comme maître chirurgien et soigne les personnes touchées par les épidémies entre les années 1780-1790.
Nous trouvons aussi dans les registres les noms de médecins capités pour une voire deux années. Ainsi, le sieur Poirier est capité pour cinq livres en 1763 puis disparaît des rôles de capitation. Régine Dalnoky avance une explication sur les mouvements des médecins. Il semble s'agir de chirurgiens qui, en suivant une garnison à Hédé, en profitent pour prodiguer des soins aux malades ; ou encore, de chirurgiens qui peuvent être appelés en renfort lors des épidémies.
Le sieur Guinot de Brémard, devenu infirme " ne marchant qu'à la force d'un bâton et presque toujours grabataire " (32), ne pouvant plus exercer son métier, est remplacé par son fils. La communauté accepte le sieur Guinot fils comme chirurgien à Hédé. L'exercice de la médecine serait-il héréditaire ? Peut-être mais, il ne dispense pas celui qui le pratique d'un enseignement spécifique. Le sieur Guinot fils est le chirurgien pour lequel nous avons le plus de renseignements. La communauté l'a chargé de s'instruire à Rennes sur l'art d'accoucher les femmes de la campagne, suite à une lettre de l'intendant par laquelle il demandait à la ville si elle voulait " supporter à faire la dépense d'une machine vantée par la dame Coudray, laquelle machine serait déposée chez un des chirurgiens de la ville ..." dans le but " ... d'instruire les femmes de la campagne dans l'art des accoucheuses " (33). La communauté, par une délibération du mois de janvier 1776, accepte de prendre en charge la dépense de la machine; il en ressort" l'approbation et la ratification du payement de la somme de trois cent livres fait a la Dame Coudray, par le sieur Carron, miseur de cette communauté, en conséquence d'une lettre de Monseigneur l'intendant du 6 décembre 1775 par laquelle il demande que le payement soit fait en conformité de la délibération de cette communauté du 12 novembre 1775, par laquelle la dite communauté accorde une somme de trois cent livres pour faire l'acquisition de la machine d'accouchement inventée par la dame de Coudray (34). La machine de Dame Coudray représente le corps d'une femme avec un enfant factice que l'on place dans différentes positions. Selon la façon dont l'enfant se présente, le chirurgien explique aux femmes comment elles doivent accoucher.
Le sieur Guinot effectue son stage à Rennes, en compagnie de vingt autres médecins de campagne. Le conseil de Hédé doit subvenir aux besoins du chirurgien pendant toute la durée de sa formation. Le sieur Guinot est promu, dans sa charge de démonstrateur de cours d'accouchements à Hédé, à partir du 15 mars 1779. A très court terme, on s'aperçoit que la machine ne répond pas aux espérances des femmes de Hédé. L'achat de la machine apparaît déjà comme superflu. A ce sujet, le notaire Nicolas Boursin, en procès avec le sieur Guinot annonce: "on ne vous a jamais vu donner de cours que les deux premières années suivantes celles que vous fûtes faire le votre sur la Dame Coudray, encore n'aviez-vous que deux ou trois femmes de la ville" (35). La machine a, en effet, été très peu utilisée ; les femmes devaient souvent venir de loin pour suivre les cours; les habitudes et les coutumes ne facilitaient sa vulgarisation; mais surtout, le sieur Guinot demandait à chaque femme de verser une somme de soixante livres pour avoir le droit d'assister aux cours. L'argent est un critère de sélection ; il est sûr, dans ce cas, que peu de femmes étaient en mesure de suivre les cours.
Il apparaît que l'encadrement médical est insuffisant et de qualité médiocre. Néanmoins, Hédé bénéficie d'un encadrement parallèle constitué par les sages femmes, même si aucun document ne signale leur présence dans la ville. D'autre part, il existe un hôpital, pour les pauvres et les personnes seules, tenue par les soeurs Urselines. Il fut fondé en 1712. L'apport médical de l'hôpital reste, toutefois, très limité. Les médecins-chirurgiens exercent un monopole médical sur la population.

Le dernier point à examiner se rapporte aux différents traitements médicaux. Les rapports médicaux constituent l'essentiel de notre documentation. Les médecins rédigeaient un constat à valeur juridique, après chaque décès survenu dans la ville. Il faut aussi utiliser le livre de marque où les chirurgiens inscrivaient le montant de leurs honoraires. Cette dernière source reste très aléatoire car peu d'extraits nous sont parvenus. Nous ne pouvons donner que des exemples précis, non représentatifs de l'ensemble du corps médical.
A la lecture d'un rapport médical, une première impression s'en dégage, à savoir la tournure pittoresque de l'extrait. Il semble traduire une certaine incompétence des chirurgiens quand à la dénomination des maladies dont souffrent les patients.

En 1777, un homme est retrouvé mort à la suite d'une chute dans un puits de la Chapelle-Chaussée. Le médecin de Hédé est appelé pour constater le décès de l'individu. Les médecins de Hédé exercent leur activité sur l'ensemble de la Sénéchaussée qui dépend de la ville. Le rapport médical nous renseigne sur les méthodes et traitements dispensés aux malades : on assiste à une succession de frictions, lavements et sternatoires qui constituent les moyens de guérisons les plus fréquents. Il est intéressant de noter un extrait de l'article pour se rendre compte avec quelle hargne un médecin scrupuleux s'évertue à "redonner la vie à un mort"

"ayant fait déshabillé le dit cadavre couché sur des cendres chaudes, lui avons fait des frictions sèches avec des linges chauds sur toutes les parties du corps, lui ayant coupé les cheveux pendant qu'on lui administrait les fumigatoires de tabac, on lui a administré les sternatoires. les lavements emelisés et nous avons continué cette manoeuvre avec les autres moyens curatifs généraux pendant six heures consécutives sans que le dit cadavre est donné aucun signe de vie."

Cet article transmet une image burlesque de la médecine du XVIII ème siècle, qui reste essentiellement basée sur les lavements et les saignées (37).

Ce constat, aussi superficiel qu'il puisse paraître, n'a rien à envier à un autre extrait daté de 1786. Il s'agit de la découverte du corps d'une jeune femme. Le médecin tente de trouver les causes du décès. En fait ce qu'il note n'a rien d'un rapport médical : "ayant les pieds au nord, il est hors de doute qu'elle faisait route vers le midi ... elle ne pouvait aller qu'au village de la Fontaine-Horain, et que cependant on ne l'y a pas vue " (38). Ce rapport n'a rien de professionnel. Les médecins ont été copieusement critiqués par des écrivains dont le plus fameux est Molière. La lecture de ces rapports nous conforte dans l'opinion qu'une telle critique est justifiée.

Les médecins se transforment souvent en croque-morts car ils arrivent après le décès du malade. Les faibles moyens de circulation sont ici incriminés. Il faut apporter une limite au dévouement des médecins ; il semble qu'ils se déplaçaient plus rapidement pour des patients aisés, ou peut-être, que les personnes modestes ne faisaient appel à leur service qu'en dernier ressort. De toutes façons, une chose est sûre, c'est que les extraits d'honoraires concernent toujours des gens riches. Nous avons retrouvé les tarifs médicaux du sieur Guinot, médecin en 1779 de Dame Busnel épouse du sieur de Laforest. Le chirurgien a soigné la Dame Busnel pendant quatre mois en 1778. Pour cette longue maladie, dont nous ne pouvons donner le nom, Le sieur Guinot demande treize livres et quarante sols pour les différents traitements, 59 livres pour le temps passé auprès du malade et une livre et cinq sols pour un lavement. L'addition est de l'ordre de 75 livres. Ce montant est supérieur à ce que donne le procureur, personnage fortuné, aux rôles de capitation tous les ans. Il est certain que la médecine n'est pas accessible à tous.

Pendant les épidémies, des mesures sont votées afin de soulager l'existence des plus démunis. C'est le cas en 1773 ou le conseil oblige les marchands de bouche à nourrir les malades pauvres.

On se rend compte de la faiblesse de l'encadrement médical à Hédé et de son incompétence.
Il nous est impossible de savoir quelles études suivent le futur corps médical et si l'enseignement proposé en province est érudit. Par contre, on s'aperçoit qu'il existe une certaine discrimination sociale. Les pauvres reçoivent moins de soins que ceux qui peuvent payer les interventions du médecin. Le problème de la pauvreté s'accentue dans les périodes de misère que traversent la ville. La communauté tente d'intercéder pour enrayer le phénomène.

 

 

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