HÉDÉ
(Ancien Evéché de Rennes)

 

LE CHÂTEAU

La ville de Hédé s'est formée, suivant l'expression consacrée, à l'ombre de son château, qui est cité dès le XI ème siècle. L'emplacement du château primitif était au Nord-Est de la ville mais en Bazouges-sous-Hédé, sur le Baillage des Guibarets, à la jonction des routes de Guipel et de Combourg; il portait le nom de la Motte-Jouhan. Il fut pris sans coup férir par le Duc Conan IV avec une troupe anglaise en 1156 et par Henri II d'Angleterre en 1168. Une nouvelle forteresse fut construite peu après à l'ouest de la ville, sur le sommet d'un promontoireélevé qui descend à pic vers le Nord, l'Ouest et le Sud, et d'où l'on jouit d'une vue extrèmement étendue : ce promontoire pourrait avoir servi de castellum romain. Le château fut réparé par le duc Jean II (1286 à 1305), puis en 1307, en 1399 et de 1443 à 1450. Les Français s'en emparèrent sans résistance en 1488 après leur victoire de Saint Aubin du Cormier; Mercoeur sen rendit maître en 1597, et Henri IV le fit démolir l'année suivante. La base de sa vaste enceinte et les ruine de son donjon massif sont les seuls restes actuels de cette importante place forte.

Le terrain vague qui sétend à l'Est est l'ancien bayle ou cour extérieure; il donne accès à la porte dentre du château; c'est là que se tirait le papegault. La porte dont un jambage exsiste encore aujourd'hui, était munie d'un pont-levis. La forteresse était précèdée de ce côté d'un large fossé; nous avons vu qu'elle était protégée sur ses trois autres faces par des défenses naturelles très escarpées.

L'enceinte actuelle, à neuf côtés, a été reconstruite à la fin du XIV ème siècle par le duc Jean IV; son épaisseur mesure environs 2 mètres, sa face intérieure conserve 4 mètres de hauteur et sa face extérieure 8 mètres; on y voit des canonnières pratiquées après coup et, du côté Nord un escalier en pierre qui descend vers l'extérieur.

Le donjon (XIII ème siècle) était carré; ses fondations ne s'élèvent plus des côtés Sud, Ouest et Nord, qu'à quelques mètres au-dessus du sol; sa face Est seule, en bel appareil de granit, a conservé 20 mètres de hauteur avec 4 mètres environ d'épaisseur. L'entrée principale était percée sur sa face Ouest à la hauteu du premier étage, et communicait avec la cour au moyen d'un escalier; une poterne s'ouvrait, en outre à la base de la face Sud.
La Châtellenie de Hédé possèdait un droit de haute justice et comprenait une dizaine de paroisses. Elle appartint d'abord au seigneurs de ce nom, et passa par alliance vers 1100, aux de Montfort qui l'avaient encore en 1168; Henri II d'Angleterre la possèda ensuite, Pierre de Bretagne la donna en 1265 à son père le duc Jean Ier qui l'unit au royaume ducal, elle passa au domaine royale depuis l'union de la Bretagne à la France.
Elle fut donnée en apanage par le duc Arthur II au début du XIV ème siècle, à sa fille Béatrice de Bretagne qui épousait Guy X de Laval, et par le duc François II dans la seconde moitié du XV ème siècle, successivement à ses deux bâtards Antoine et François de Bretagne. Elle fut vendue par le roi Henri II en 1554 à François du Breil seigneur des Hommeaux et rachetée par le roi à la mort de l'acquéreur; la couronne la conserva jusqu'en 1789.

 

GRANDE PLACE

Elle ne comprenait à l'origine que le Sud de la place actuelle et portait le nom de Place du Parquet; c'est là que se tenait le marché au blé; elle renfermait un grand puits public, de forme triangulaire, qui datait du XVI ème siècle.
La partie Nord de la place actuelle était occupée par l'Auditoire les Halles et la Prison; la démolition de ces édifices l'agrandit considérablement dans le courant du XVIII ème siècle; son horizontalité fut assuré par un mur en pierres sèches, et la suppression de ce mur amena l'inclinaison qui exsiste aujourd'hui. L'Auditoire, aspecté vers l'Ouest, faisait face aux maisons situées entre la Rue Bertrand et la Rue du Château; il était précèdé d'une murette et d'un perron doubleet comprenait un rez de chaussée et un étage; sa toiture était surmontée d'un petit clocher carré à campanile contenant une horloge. Le rez de chaussée renfermait quatre petites boutiques et du côté nord, deux locaux dépendant des prisons; le premier étage se composait de deux pièces : la Salle des Plaids Généraux et la Chambre Criminelle. Les Halles étaient à l'Est de l'auditoire, entre lui et les maisons du Sud-Est de la place. Elles sont citées dès 1455. Elles se composaient d'une haute toîture, moitié en ardoises, moitié en tuiles, soutenue par des piliers de bois. Elles étaient ouvertes à l'Est et au Sud, touchaient au Nord la prison et à l'Ouest l'auditoire. Des étaux les entouraient; un puits se voyait du côté Nord, le long du mur de la prison. Ces halles ont été démolies en 1752, et reconstruites au Nord de la Rue Bertrand au milieu du XIX ème siècle.
Au côté Sud-Ouest de la grande place actuelle était une maison précédée d'un porche sur poteaux de bois. Du côté Ouest de la place se trouvaient la Maison du Porche à l'angle Nord-Est de la Rue Bertrand, la Maison de la Tête Noire à l'angle Sud-Est de la Rue du château, la Maison de la Chienneterie que remplace aujourd'hui un hôtel, la Maison de Saint Juvat (XVII ème siècle) à l'angle Nord -Est de la rue du château, encore exsitante avec sa corniche modillonée, et la Maison du Cheval-Blanc au Nord de la précédente. L'ancienne Maison & Hôtellerie de l'Écu de France (Hôtel de l'Écu actuel) au Nord-Est de la Place, possède un toit à la Mansard, une corniche à corbeaux, une fenêtre moulurée du XV ème ou du XVI ème siècle, et par derrière une tourelle polygonale. Le Marché au Fil se tenait du côté Est de la Place actuelle. La Maison du Pigeon-Blanc, à l'angle de la Rue du Four, possédait autrefois un porche.
Ancien Couvent des Ursulines, il fut d'abord installé au Bas-Manoir, puis transféré à la fin du XVII ème siècle au Sud-Est de la place. Son entrée principale était de ce côté. On y voit encore un grand réfectoire surmonté de cellules; du côté Nord de la maison, au rez de chaussée, un grand couloir appelé le Cloître, présente trois baies cintrées en bois, que soutiennent également des piliers également en bois. Le Couvent possèdait une chapelle au Nord des bâtiments et un choeur pour les Religieuses. On trouve à l'angle Sud-Est de l'ancien enclos du couvent, sur la rue actuelle de la gare, une ancienne chapelle funéraire avec un toit en carène, qui était dans le cimetière des Ursulines. L'enclos renfermait aussi, sur l'emplacement des douves de la ville, l'ancienne Maison de Monplaisir. Les Ursulines furent chassées de leur couvent pendant la Révolution.

 

RUE BERTRAND

Cette rue, ouverte en 1787, pour faire communiquer la Grande Place avec le Champ de Foire, porte le nom de M. Bertrand de Molleville Intendant de Bretagne à cette époque.

 

RUE DU CHÂTEAU

Elle s'appelait primitivement Rue du Bayle, comme conduisant au bayle du château. La Maison du Château occupe l'angle Sud-Ouest de la rue.

 

GRANDE-RUE

Elle aboutit au Sud de la place.On y trouve du Côté Est l'ancienne Auberge de la Maison-Rouge, construite en 1665 à l'angle Nord-Ouest de l'ancienne rue de la Fonderie, sur le bord des douves.
Devant elle était la Porte de la Grande-Rue.
On montre un peu plus au Sud, du côté Est de la rue, l'emplacement de l'ancienne Maison des Trois Roys, qui était en dehors de l'enceinte.

 

RU DE LA FONDERIE

Cette rue, presqu'entièrement englobée dans l'enclos de l'ancien couvent des Ursulines, suivait le bord intérieur des douves de la ville et débouchait sur la Grande-Rue, immédiatement au Sud de la Maison-Rouge. Elle traversait le terrain des Courtillers.

 

RUE DU FOUR

Elle porte le nom de l'ancienne Maison du Four banal, qui était la deuxième du côté Sud à partir de la Grande-Place. On l'a aussi appelée Chemin de la Cohue à l'Église, et parfois rue du Prieuré en 1601, et Rue de l'Abbaye en 1660, comme celle qui lui fait suite vers l'Est.

 

RUE DE L'ABBAYE

Cette rue, (voir la précédente) fut aussi nommée Rue Bouyère et Rue du Carroil à l'Abbé. Elle se terminait du côté Est par le Carroil-à-l'Abbé, appellé au XV ème siècle Rue du Chaussix. Chaussix à le sens de chaussée; ou de four à chaux. A l'extrémité de la rue et à l'Est du Carroil-à-l'Abbé, une maison neuve occupe l'emplacement de la Maison de Bringnerault ou de la Cantine, sur les anciennes douves de la ville; cette maison était précédée d'une cour munie d'un portail cintré.

 

RUE DU TEMPLE

Elle débouche au Nord de la Rue de l'Abbaye.

 

RUE DU HAUT-CHAUSSIX

Elle va du Carroil-à-l'Abbé à l'entrée de la route de Combourg, où se trouvait la Porte Combourgeoise.

 

L'ÉGLISE

L'Église paroissiale date de la fin du XI ème siècle ou du début du XII ème siècle; elle fut donnée promptement par le ducs deBretagne à l'Abbaye de Saint Melaine de Rennesqui en fit un prieuré, et elle resta priorale jusqu'à la Révolution. On ne sait si elle a été paroissiale à l'origine, mais elle n'était au XVII ème siècle et au XVIII ème siècle qu'une trêve de Bazouges sous Hédé, et fut érigée en paroisse en 1792 seulement. Elle comprends une nef, deux collatéraux, un transept et une abside demi-circulaire. Son pignon Ouest présente une porte en plein cintre, et à double archivolte, percée sous un fronton triangulaire que soutiennent quatre colonnes engagées; cette porte est surmontée d'une fenêtre romane, et falnquée de quatre contreforts plats et de deux fenêtres en meurtières éclairant les collatéraux. On a placé à l'extérieur de la porte des fonts du XVI ème siècle (Classés Monuments Historiques), octogonnaux et pédiculés en granit, et un bénitier analogue; la partie inférieure des fonts est romane. Du côté Sud, la haute nef estéclairée par sept fenêtres.

 

LA VILLE CLOSE

Le duc François II ordonna en 1464 d'enclore la ville de reparts mais on se contenta de l'entourer de douves au Sud et à l'Est, lescarpement du rocher et le château la protégeant suffisament des deux autres côtés. Ces douves partaient du donjon, traversaient la Grande-Rue à 25 mètres environ au Sud de la place centrale, longeaient l'ancienne Rue de la Fonderie, près de l'emplacement de la Maison Rouge et de l'ancien Couvent des Ursulines, passaient à l'Est de la Rue du Caussix, et atteignaient , au Nord de l'église et de la ville les vallons des Guibartes. Ces douves furent abandonnées dans la suite et afféagées aux propriétaires des terrains riverains.
Trois portes donnaient accès dans l'enceinte : La porte de la Grande-Rue au Sud, la porte de Tinténiac au Nord-Ouest, et la porte Combourgeoise à l'Est, les ducs Jean IV et Jean V exemptèrent la ville de l'impôt des fouages, Hédé était le siège d'un Subdélégué de l'Intendant. C'était une des 42 villes de Bretagne députant aux États de la Province.

 

LA VILLE EN DEHORS DES DOUVES

Au Sud du château était le Moulin Foulleret, qui servait de moulin à papier au XV et XVI ème siècles et était devenu en 1601, un moulin à fouler le drap.

 

RUE DES FORGES

Les Templiers possèdaient à Hédé, un fief relevant de la commanderie de La Guerche et comprenant la Rue des Forges. On y voit du côté Est, à 220 mètres au Sud de la grande place, l'ancien Hôpital fondé en 1712, et auquel fut annexée une Maison de Retraite. Au Nord de l'Hôpital se trouvait une chapelle sécularisée, qui communicait autrefois avec lui au moyen d'une tribune; elle possède un toît à la Mansard, une corniche modillonnée et une abside demi-circulaire; elle présente à l'ouest une porte en plein cintre; une autre porte, aujourd'hui bouchée, exsistait au nord; ses fenêtres cintrées sont actuelement aveuglées, l'hôpital a été occupé pendant la Révolution par différents services.
Au Nord de la chapelle se trouve l'ancienne ruelle de l'Hôpital.
Du même côté de la Rue des Forges, une maison possède une grande porte moulurée.
La Maison du Fricot est au côté Ouest de la rue, à son extrémité Sud, vis à vis de l'embranchement du chemin Horain.
Les Templiers avaient un auditoire dans la rue.
Ils y avaient aussi à l'origine, du côté Ouest, une léproserie avec une chapelle, sur l'emplacement d'une maison devant laquelle se dresse actuellement une croix dite Croix de Saint-Jean. Cette croix en granit est octogonale et sculptée d'un Christ fruste. Elle s'élevait autrefois à l'angle de la rue des Forges et du chemin Horain, et plus anciennement encore sur le placis de l'Hôpital, au carrefour de la Grande-Rue et du chemin des Barrettes. La léproserie, fondée par les seigneurs de Hédé, exsistait dès 1085; elle fut transférée au XIV ème siècle, sous le nom de Madeleine à 1200 mètres de la ville, sur le bord Ouest de la route de Combourg, dans la commune de Bazouges-sous-Hédé.
Près de la première léproserie étaient les deux Maisons de l'Image de Saint-Julien.

 

RUE DE LA GARE

C'est l'ancienne Ruelle des Courtillers. On y voit du côté Nord l'ancienne chapelle funéraire des Ursulines.

 

PAUL BANEAT - 1928
Archives Départementales d'Ille & Vilaine.
LE DÉPARTEMENT D'ILLE & VILAINE - Tome 2.
Éditions J Larcher - Rennes.

 

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